anecdotes-Le « lutteur » et mes débuts de négociateur :

-Le « lutteur » et mes débuts de négociateur :

En 1977, je suis de permanence au commissariat du seizième arrondissement (rue de la pompe) pour ceux qui ont connu ce poste de Police (les anciens) ils se rappelleront surtout d’un local vieillot, délabré d’où se dégageait des odeurs pestilentielles provenant des poubelles et des WC, le tout, dans la même pièce que les salles de gardes à vue.

Un soir d’été alors que je suis en train de taper un rapport, dans une pièce voisine, j’entends des hurlements dans la salle principale.

Je vais « aux nouvelles » et je vois un groupe de six collègues qui entourent un type, tout le monde à l’air menaçant, surtout celui qui est au milieu.

Les collègues en patrouille ont aperçu ce type en train d’uriner contre une baraque de chantier (quelle belle affaire). Ils se sont arrêtés pour le contrôler. Le type, un peu éméché, l’ayant mal pris, il s’en est suivi une conduite au poste pour parfaire le contrôle.

Il doit faire un mètre quatre vingt dix pour cent kilos et il a un cou de taureau. Le chef de poste ressemble à louis de Funès, il reste derrière son bas-flanc et donne ses instructions.

Le gars se montrant de moins en moins coopératif, il a été décidé de le mettre dans la « cage » des gardes à vues. Le problème, c’est qu’il refuse d’y entrer. Après plusieurs essais infructueux de mes collègues par la force, il s’est dégagé rapidement.

L’un d’entre eux a même fini sur le dos après une tentative d’étranglement.

Il suffoque et il a du mal à retrouver son souffle. Le chef de poste m’interpelle « eh ! Le boxeur on a besoin de toi ».

Je vais trouver le type, je lui explique que ça risque de durer longtemps et qu’il aggrave une situation, bénigne pour le moment. Je lui fais comprendre qu’il vaut mieux qu’il dorme là pour dégriser un peu.

Il me demande à boire, (de l’eau), je lui promets de lui en donner, si il accepte de rentrer dans la cage, ce qu’il fini par accepter à condition qu’on ne le touche pas.

Je parle avec lui, il m’explique que c’est un ancien lutteur, qu’il a fait les championnats de France FSGT (fédération sportive et gymnique du travail). L’atmosphère de détend, sauf pour quelques petits collègues revanchards qui n’ont pas trop supporté d’être ridiculisés.

Je lui donne à boire, il est complètement apaisé et je retourne à mon rapport. Quelques minutes plus tard j’entends à nouveau des cris, je fonce dans la salle et je vois l’un de mes collègues, avec à la main un manche à balai. Il passe le manche à travers les grilles et donne des petits coups au type en l’asticotant. Le spectacle provoque l’hilarité de chef de poste. La colère m’envahis et je propose à mon collègue d’entrer dans la cage avec son bâton « juste pour voir ».

J’ai compris, ce jour là qu’il y avait certaines choses à revoir dans ce beau métier de Policier.